Le journalisme de solution, solution du journalisme ?

On parle beaucoup, et de plus en plus, d’un journalisme « positif », dit journalisme de solution. Didier Pourquery, directeur de la rédaction de The Conversation France, en est un ardent défenseur. Des médias comme Sparknews et We demain tentent de le mettre en pratique.

Les stagiaires rédacteurs, secrétaires de rédaction, photojournalistes et graphistes de l’emi-cfd ont décidé d’orienter leur magazine-école de fin d’année vers ce journalisme positif. Résultat : le Médialibre des possibles, qui aborde les solutions d’aujourd’hui et les idées pour demain.

A cette occasion, j’ai effectué des recherches sur le journalisme de solutions. Voici réunis quelques propos d’auteurs et de spécialistes qui permettent de mieux cerner cette approche. De quoi susciter la curiosité. Et, pourquoi pas, des vocations.

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« Pas une liste de remèdes »

Alexander L. Curry & Keith H. Hammonds, auteur de l’étude The Power of Solutions Journalism. Le journalisme de solutions est une démarche qui entend lier les problèmes de société les plus enracinés à leurs réponses potentielles. Il observe la manière dont les citoyens, les institutions, les entreprises, les collectivités et les groupes sociaux expérimentent et mettent en œuvre des solutions. Cette approche orientée solutions ne se réduit pas à une liste de remèdes qui fonctionnent, mais permet de comprendre pourquoi et comment des initiatives deviennent viables et/ou rencontrent des difficultés, de comprendre le succès d’une initiative ou d’une situation ou ses difficultés et obstacles.

« Un journalisme de parti pris »

Éric Dupin, auteur de Les Défricheurs. Le journalisme de solution, c’est un journalisme de parti pris, et ce parti pris est le contraire du journalisme traditionnel. On dit que les médias relaient toujours l’information des trains en retard mais jamais des trains à l’heure ; les journalistes parleraient donc toujours de ce qui va mal. Le journalisme de solution, c’est la démarche inverse, mais je pense que les gens trouvent cela artificiel et n’y croient pas.

« Donner les moyens d’agir »

Christian de Boisredon, fondateur de Sparknews. Nous nous sentons régulièrement submergés par l’actualité quotidienne souvent catastrophique. Bien sûr, le rôle des médias est de nous informer et de nous alerter, mais lorsque les journalistes relaient aussi les initiatives positives, ils nous inspirent et nous donnent les moyens d’agir.

« Médiatiser toutes les initiatives »

Éditorial du supplément Impact Journalism Day (sept. 2014). Si les médias ont le devoir de nous alerter, « porter la plume dans la plaie » —selon l’expression du journaliste Albert Londres— ne suffit plus. Les journalistes ont la volonté de relayer plus souvent les réponses apportées aux problèmes. Ainsi, ils médiatisent toutes les initiatives, inspirent et génèrent plus d’impact.

« Lutter contre la fatigue d’impuissance »

Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste. L’être humain est doté de la capacité de pouvoir s’imaginer à la place de l’autre. C’est ce qu’on appelle l’empathie. Cette capacité est inséparable d’une composante d’action : ressentir la souffrance d’autrui suscite le désir de lui venir en aide, même si cette composante peut être inhibée (…). Le problème est qu’avec les écrans, nos capacités de ressentir et d’agir sont séparées. Nous sommes invités à ressentir toujours plus sans jamais pouvoir agir sur l’événement. Transformés par nos écrans d’actualité en spectateurs terrifiés d’un monde sur lequel il nous semble impossible d’agir, nous développons une fatigue d’impuissance.

Olivier Quelier.

 

 

 

 

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